Juste le texte censuré par mon éditeur lors de la publication du Peuple des abeilles:
Ancien militaire, Maurice Coudoin est devenu apiculteur par passion. Il n’a rien d’un écologiste soixante-huitard. Pourtant lorsqu’en juin 2002, lorsqu’un voisin lui glisse à l’oreille qu’un agriculteur de sa commune du Lot et Garonne déconditionne et enfouit des semences traitées en quantité considérable sur ses terres, il cherche a en savoir plus. Après une inspection sur les terrains concernés où il découvre plus de grains de maïs en décomposition que de terre sur vingt centimètre de profondeur, il écrit au Préfet et dépose une plainte à la Gendarmerie. Le 10 août de la même année, Maurice Coudoin est averti que des camions de semences enrobées viennent d’être livrés.
Sur les lieux, le constat est effarant. Près de vingt tonnes de semences non vendues dont plusieurs palettes de sacs marqués Gaucho sont ouverts à mains nues sans aucune protection par l’équipe de l’agriculteur. L’inspecteur de la D.R.I.R.E. constate, prélève des échantillons de terre pour analyse. La conclusion est irréfutable, l’épandage certain, les résultats alarmants par l’importance des taux de résidus toxiques. D’autres analyses sont demandées concernant le lac d’irrigation qui se trouve à 500 mètres de l’église et qui jouxte des terres utilisées par ce même agriculteur trois années auparavant. Là aussi, l’eau contient de l’Imidachlopride, la substance active de cet insecticide. L’affaire aboutit après un an à Paris où le Juge d’instruction en charge du dossier se rend compte qu’il existe un vide juridique sur l’enfouissement des semences traitées aux insecticides, et aux fongicides. Ainsi, les semences enrobées non vendues, soit près de 13 000 tonnes par an, sont détruites par les fabricants sans que le législateur se soit enquis des procédures.
L’affaire Coudoin rejoint les chiffres alarmants publiés par l’institut Français de l’environnement sur la pollution de l’eau par les pesticides. Aujourd’hui en France 96 % des cours d’eau et 61 % des eaux souterraines contiennent des résidus de pesticide. Le texte adopté par les députés pour le projet de loi sur l’eau prévoit une contribution à la hauteur de 4% de l’agriculture, de 14 % pour les industries et de 82% pour les ménages. Ce projet de loi ne prend pas en compte les problèmes réels de pollutions de la nappe phréatique mais là encore, elle fait peser sur les seuls consommateurs les coûts de la dépollution des eaux.